Réponse de Jocelyn Sapotille
Jocelyn SAPOTILLE sur RCI , lundi 17 10 2011
Article paru dans "le blog de Sosthène"
Commentaires de Jocelyn SAPOTILLE
Je pense sur cette question comme sur toutes les autres qu'il faut parler vrai au peuple.
Un projet de société n'est pas un programme politique opérationnel, c'est une vision globale de la société espérée. Il se construit autour de valeurs idéologiques, philosophiques, voire spirituelles et cultuelles.
Comment voulez-vous que des groupes politiques divisés sur les fondamentaux puissent avoir une vision commune de la société? Ce n'est pas possible. Par ailleurs les élections sont faites en principe pour départager ceux qui ont des orientations sociétales différentes, quand celles-ci ne sont pas tronquées par des questions de personnes et d'intérêts individuels.
Les débats ont été menés de telle manière depuis tantôt qu'une confusion s'est créée entre projet institutionnel et projet de société. Les institutions sont au service de la société voulue. Ce sont des instruments, des leviers pour exercer l'un des pouvoirs les plus importants, le pouvoir politique. Elles peuvent avoir des conséquences énormes sur la mise en œuvre et le respect de grands principes philosophiques tels que le contrôle des pouvoirs, l'efficacité opérationnelle, la juste représentation des courants politiques, des parties du territoire, voire des communautés.
On a aussi l'impression qu'il est recherché un projet de société définitif pour la Guadeloupe, et qui ne dépendrait que de la volonté locale. Là aussi il faut quelques éléments de vérité.
Par principe une société démocratique est destinée à l'alternance politique, donc à des variations d'orientations. Le projet de société est modifié quand le pouvoir politique change idéologiquement.
La Guadeloupe faisant partie de la république française, notre société est forcément modelée dans ses grandes lignes par le pouvoir central et son idéologie. Mais il n'y a pas que le pouvoir politique qui agit quand on est dans une société libérale comme la notre, avec une économie de marché. La "main invisible" est active et il n'y a pas qu'elle. Notre société subit les influences du monde sur quasiment tous les plans.
Il y a en principe autant de projets de société que de variantes de sensibilités politiques.
Ma crainte est qu'il ne sorte du comité guadeloupéen de projet qu'un consensus à minima comme cela a été dit au congrès. La Guadeloupe ne peut se construire sur un consensus à minima, qui ne serait qu'un consensus mou, mais sur un projet audacieux, l'important c'est qu'il porte l'adhésion de la majorité du peuple.
Je précise qu'un projet audacieux ne veux pas dire extrémiste, mais qui a le courage de défendre ce qui est juste, au-delà de la férocité de ses pourfendeurs.